Après son voyage en 1953-1954 de Genève à la passe de Khyber (Afghanistan), qu'il raconte dans L'usage du monde, Nicolas Bouvier rejoint son compagnon de route Thierry Vernet qui se marie à Ceylan (Sri Lanka). Après neuf mois difficiles sur l'île en 1955 (relatés trente ans plus tard dans Le poisson scorpion), Bouvier embarque sur un cargo pour le Japon. Entre 1955 et 1956, il y tient un journal (ses carnets gris), qui dix ans plus tard sont compilés dans un livre sur le Japon : Japon (1967). Le livre est une commande et contient principalement une histoire du pays — les pensées de Bouvier y sont reléguées au second plan. Une décennie après encore, Japon est repris avec encore plus de textes issus des carnets gris, et de plus récents voyages de Bouvier au Japon. Payot le publie en 1975 sous le nom de Chronique japonaise.

Chronique japonaise s'ouvre donc sur une histoire du pays, entrecoupée de récits de l'arrivée de Bouvier pour son plus long séjour au Japon, de 1964 à 1966. Le reste du livre est un collage de récits et de réflexions sur le pays que Bouvier a collectés lors de ses trois voyages (1955-1956, 1964-1966, 1970).

Ça se lit presque comme un recueil de nouvelles — les textes sont assez détachés, bien qu'unis par un thème et une chronologie. Bouvier a gardé sa capacité de transmettre une atmosphère en quelques lignes, quelques mots. On est transporté au Japon avec lui. Le tout est trop divers pour entrer dans les détails ici, il faut le voir comme une collection de vignettes minutieusement élaborées (qui aurait d'ailleurs fait fureur à l'âge des blogs et des médias sociaux). Vaut une lecture pour les amateurs de Bouvier ou pour qui voyage au Japon.

Le reste des carnets gris, longtemps inédit, a finalement été publié en 2009 dans une œuvre posthume : Le vide et le plein : Carnets du Japon 1964-1970. Je l'ai déjà entamée.

8/10